Le sel sur la plaie

Accusé par ses amis parisiens d’un vol qu’il n’a pas commis, Dieudonné Crouzon, étudiant brillant mais peu fortuné, trouve refuge à Châteauroux comme rédacteur en chef d’un journal. Sa rancune, son acharnement au travail et le désir de vaincre lui font réaliser des prouesses. Parti de rien, il lance un système de publicité par voie d’affiches, publie un almanach, rachète une imprimerie et crée son propre journal. Il devient l’homme incontournable de Châteauroux ! Mais la réussite ne suffit pas à guérir les plaies d’une vie blessée. Entre l’Épervière, quittée à Paris, et Anne-Marie, la nièce de Mme Rougeaud, Crouzon choisit la jeune provinciale. Si le clin d’œil à Stendhal est manifeste, un autre ne l’est pas moins, comme en témoigne Boutin, le seul ami resté fidèle : « Le suffrage universel et les chemins de fer ont retourné Balzac. Aujourd’hui, on part de Paris pour aller réussir en province. » Au-delà du portrait attachant de Dieudonné Crouzon, Jean Prévost (1901-1944) restitue avec brio, dans le Sel sur la plaie, l’atmosphère effervescente des années 1920. Par l’ascension sociale de son personnage, il nous dévoile les arcanes du journalisme, de la publicité et de l’édition, qu’il connaissait à merveille.